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LES QUILLES, EN FRANCE, A TRAVERS LES AGES

L’on joue aux quilles, en France, un peu partout, et cela depuis fort longtemps.

 

Principe essentiel du jeu :
 

Le jeu consiste à renverser, au moyen d’un projectile (bâton, boule ou autre objet), d’une distance variable (jusqu’à 30m), des objets nommés « quilles », posés verticalement au niveau du sol, en disposition et nombre variés. Ce sont des jeux de compétition, entre joueurs ou entre équipes.
 

Historique sommaire :
 

Où et quand sont nés les jeux de quilles ?
 

Il est de bon ton, lorsque l’on étudie l’histoire d’un jeu, d’en rechercher l’origine jusque dans l’Antiquité : l’ancienneté lui confrère des lettres de noblesse.
 

Dans des ouvrages ou articles consacrés au « bowling », ce jeu de quilles actuellement en vogue, on découvre que le jeu de quilles était connu des anciens Egyptiens, 5.000 ans avant notre ère. Qui dit mieux ?
 

D’après l’Encyclopédia Britanica (1961, vol.3, p. 977), ce serait en Allemagne, vers le IVème siècle de notre ère, dans les monastères ruraux. Pour stimuler la ferveur des hommes, les prêtres avaient imaginé cette petite cérémonie : chaque paysan devait déposer dans un coin, le bâton dont il ne se séparait jamais, même à l’église. D’après les religieux, ce bâton représentait alors le démon, le malin. Le fidèle, d’une certaine distance, devait envoyer sur lui une grosse pierre ou boule ; s’il ne réussissait pas à le renverser, c’est donc qu’il était pêcheur et on l’engageait à mener une vie meilleure. Mais bientôt, les moines découvrirent un intérêt ludique à cette cérémonie. Entre eux, ils s’exercèrent à renverser des bâtons dressés : le jeu de quilles était né.

Ce récit est certes séduisant, mais il est fort dommage que les sources n’en soient pas fournies.
 

Le jeu en France :
 

L’origine peut être située au XIVème siècle. Différents documents datant de cette époque citent des jeux pouvant s’apparenter aux jeux de quilles actuels, représentés aussi par de nombreuses iconographies. Un jeu de « quille-là » est mentionné dans Rabelais. Citant les invités à un repas offert par Grandousier et sa femme Gargamelle, alors enceinte de Gargantua, il les qualifie de : « bons beveurs, bons compaignos et beaulx joueurs de « quille-là » ». Alors, bien sûr, il ne faut pas s’étonner si plusieurs auteurs ont imaginé là quelque allusion d’ordre érotique, sous la plume de Rabelais. Mais, l’iconographie nous montre qu’il s’agissait bien là d’un jeu « honnête ».

 

Qui jouait aux quilles en ces temps là ?
 

Principalement les classes populaires, et, pour cause : la guerre, au Moyen Age, sévissant à l’état latent, la noblesse s’adonnait à des jeux guerriers : arcs, arbalètes, tournois, joutes équestres …
 

Cependant, le jeu de quilles ne fut pas toujours réservé aux classes populaires ; il se répandit dans l’aristocratie qui ne les pratiquait qu’à la campagne. En 1605, le roi Louis XIII enfant s’amusait avec de petites quilles délicatement travaillées au tour.
 

C’est surtout à partir du XVIIIème siècle, grâce à une iconographie plus riche et à de nombreux documents que l’on peut recueillir de nombreux témoignages sur la pratique des jeux de quilles. On jouait aux quilles à Paris, aux Champs Elysées, au début du XIXème siècle.
 

De tous temps, les pouvoirs publics se sont intéressés aux jeux de quilles, ainsi qu’aux autres jeux, surtout pour les interdire. Une ordonnance de Charles V, dit « Le Sage », de 1369 défend :
 

« Tous jeux de dés, de table, de paulme, de quilles, de palet, de boules et billes et tous autres jeux qui n’échéent point à exerciter, n’habiliter nos dits sujets au fait et usage d’armes à la défense de notre dit Roiaume ».
 

Ces jeux, bien évidemment, détournaient les hommes des jeux à caractère militaire. Mais d’autres raisons amènent à combattre la pratique du jeu. Il éloigne les hommes du foyer, les incite au blasphème et à la brutalité, les détourne de leur travail et leur fait dilapider ce qu’ils gagnent ! En effet, il s’agit souvent de jeux d’argent.
 

L’on peut faire un parallèle avec les jeux de vache, pratiqués en Gascogne dès le XVème siècle, longtemps combattus (notamment par le Clergé), mais qui sont devenus « la course landaise » que nous connaissons, laquelle a encore de beaux jours devant elle, Dieu merci !

 

Les quilles en France, aujourd’hui :

 

La diversité des jeux de quilles français est extraordinaire, aussi bien quant aux accessoires (terrains, quilles, projectiles), que dans les techniques.
 

L’on peut citer (liste non exhaustive) :
 

Concernant les quilles, dont la matière est le bois (charme, hêtre, bouleau, frêne, acacia, platane …).
 

Les quilles de trois, de cinq, de six (localisées dans le Sud-Ouest) de huit (pratiquées en Aveyron), les quilles de neuf (Chalosse, Béarn, Bigorre …), les quilles asphalte, les quilles shere, le bowling (jeu à 10 quilles), et une multitude d’autres jeux locaux, sans règles écrites, aux techniques variant de village à village.
 

Concernant les projectiles :
 

Quilles au bâton, à la boule, au maillet (ou boulet, boulon, taquet, suivant les régions).
 

Primitivement, l’on peut imaginer que les projectiles étaient des galets.
 

Les terrains :
 

Certains jeux ne nécessitent pas de terrain spécial (cour de ferme, auberge, sur une place, une route …).
 

L’installation la plus simple est constituée par une aire recevant les quilles : plantier, ou quillier, en bois, pierre ou ciment. Certains jeux (quilles de neuf), nécessitent une aire en terre battue tamisée (carré de 6.22 m de côté), dans un lieu couvert, de préférence.
 

Les jeux fédérés :
 

Certains jeux participent d’une fédération et organisent des challenges régionaux et des championnats nationaux. La Fédération française des Sports de Quilles (F.F.S.Q.) a été créée en 1957.
 

Sont fédérés :
 

les quilles de six et de neuf (dans le Sud-Ouest), les quilles de huit (en Aveyron), les quilles St Gall (dans le Haut Rhin).
 

Les quilles asphalte, shere et le bowling, sont des jeux internationaux.
 

En perte de vitesse après 1914, les jeux de quilles ont connu un regain d’intérêt à compter de 1957 date de création de la Fédération.
 

Un exemple significatif est le formidable développement des jeux de « quilles de six au maillet » dans le Sud-Ouest, sous l’égide de la Fédération des Foyers ruraux, depuis une quinzaine d’années.
 

L’on peut observer aussi le renouveau du jeu de palet gascon, dans le Gers. Il s’agit là d’un jeu très ancien, datant du Moyen Age, cousin germain, si l’on peut dire, des jeux de quilles.
 

En guise de conclusion :
 

Il est souhaitable que, parallèlement au bowling qui connaît un développement extraordinaire, nos jeux de quilles fédérés continuent à se développer. L’on peut regretter aussi la disparition de nombreux jeux locaux, qui, par leur diversité, témoignaient, à leur modeste rang, de l’esprit inventif du peuple français.
 

L’association Aci Gasconha, tente, depuis quelques années, de faire revivre ces jeux, sur l'Agglomération bayonnaise.
 

Dans ce but, elle a aménagé, à l’Espaci Gascon (Centre culturel Tivoli - Anglet), avec l’aide de la Municipalité angloye, un plantier de quilles de six. Cette installation attend que des « quilhaires » potentiels veuillent bien se manifester ; ils seront accueillis avec joie.
 

Amédée BARIS.
 

Bibliographie :
 

« Les Français jouent aux quilles »

Hélène Tremaud.

Editions Maisonnave et Larose – 1964.

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